Les téléphones rivalisent de sonneries insolites – ici Mozart, là les Doors, quand ce n’est pas Petite fleur de Sydney Béchet ou la Grande Valse de Tarrega autrement dit la Nokia Tune.
Dans ce charivari musical le portable de la commissaire, qui égrène une série de dring façon années soixante, évoque le début d’un vaudeville. “Traditionnelle”, le nom de la sonnerie dans le menu de l’appareil. La meilleure façon d’éviter les ritournelles proposées par le fabricant à la pomme qui empoisonnent à l’improviste spectacles, transports ou réunions.
« Tendance Goya ou Francis Bacon ? interroge Shéhérazade, le sourcil froncé.
– Oh, Chef, vous avez de ces questions, proteste son interlocuteur. Non, pas de boucherie, cette fois. Bon, disons plutôt Rembrandt ! Ou Toulouse Lautrec …
– Rembrandt ? ça va pas, Mœbius ! Va traîner au Louvre ou fais un saut à Amsterdam. Ça te rafraîchira la connaissance …
– Écoutez plutôt, Chef : la victime est dans la pénombre, à peine éclairée par un rai de lumière à travers les persiennes. Une lampe allumée, juste à côté du lit fait émerger le visage de l’obscurité. Voilà pour Rembrandt. La femme est presque totalement nue, à l’exception d’une guêpière aux lacets dénoués, les cuisses sont écartées : voilà pour Toulouse Lautrec. Pas de sang. Et la position ne permet aucun doute sur son activité au moment de la mort…